Vous rappelez-vous la première fois que vous avez mangé “un peu trop” épicé? Cette sensation de brûlure intense qui vous fait regretter d’avoir ingéré ce petit fruit aux allures anodines mais qui vous allume tout entier? Bienvenue dans le merveilleux monde des piments forts!
Le piment, c’est d’abord et avant tout une histoire d’amour. Qu’on les mange frais, en sauce ou séchés, il y a un monde de saveurs et d’intensités de piquant à découvrir! Fruité, amer, chaleureux, mordant, il y en a pour tous les goûts et il est présent dans nombre de cuisines à travers le monde. Du côté physiologique, l’ingestion de capsaïcine (l’ingrédient actif du fruit qui donne cette sensation de brûlure) provoque l’émission d’endorphines qui procure une sensation d’euphorie et stimule le système digestif et immunitaire, entre autres. Un super aliment? On aurait tendance à penser que oui.
Bien que certaines épiceries proposent des piments frais tels que jalapenos, piments « thaï » ou “Scotch Bonnet” (qui n’en sont pas tout à fait en réalité), le choix reste pauvre. La solution? Pourquoi ne pas cultiver vous-même vos piments! C’est relativement facile, peu coûteux en investissements et très gratifiant. Ensemble, voyons un peu comment débuter dans cet univers riche en saveurs de la façon la plus simple possible!
Les familles de piments
Tout d’abord, il faut comprendre que les piments forts sont des solanacées (donc de la même famille que les tomates) et sont classés botaniquement par catégories. Pour vulgariser un peu, attardons-nous à deux familles principales, soit les Capsicum Annuum et Capsicum Chinense. Les “Annuum”, ce sont des variétés telles que les jalapenos, les poblano, gorria (également connus sous l’appellation d’orignie contrôlée Piment d’Espelette). Les Chinense sont les piments généralement plus forts, tels que habanero, cayenne, Bhut Jolokia (le fameux “Ghost” pepper) et autres super-forts. Alors que la première famille a une croissance plus rapide, les Chinense sont beaucoup plus lents à atteindre une maturité. Il faudra donc, dans les deux cas, faire un semis intérieur: au début mars pour les Annuum, alors que les Chinense devront être démarrés quelques mois avant afin de s’assurer d’avoir une récolte suffisante. Afin d’illustrer la différence quant à la croissance, la photo ci-dessous montre un plant de chacune des familles semés en même temps (à gauche Cayenne et à droite Scotch Bonnet).
Comment cultiver ses piments
Tout d’abord,il faut choisir ses variétés, que vous pouvez acheter en ligne auprès de différents semenciers. Mais encore, que faut-il pour s’assurer de réussir nos semis? En fait, il faut commencer par choisir le bon terreau, soit un terreau à semis léger et riche en nutriments. Évitez d’utiliser ce qu’on appelle “terreau d’empotage” qui aura tendance à se compacter plus facilement et du coup nuire à la germination. Ensuite, puisque le piment aime la chaleur, il est préférable de se doter d’un tapis chauffant pour mettre sous notre bac à semis afin que le terreau soit à une température avoisinant les 30 degrés Celcius. Vous en trouverez dans toutes les quincailleries et centres de jardin. Finalement, une mini-serre avec un dôme pour conserver la chaleur et l’humidité, dôme qui pourra être retiré une fois que le plantule aura montré le bout de son nez. Comptez une cinquantaine de dollars pour vous équiper au début, et si vous aimez il vous sera possible d’ajouter de l’éclairage artificiel (tubes néons pour croissance des plantes ou éclairage DEL adapté) pour vous faciliter la tâche et obtenir de meilleurs résultats.
Viendra ensuite le moment où, lorsque le plant aura développé ses quatre premières feuilles et sera trop grand pour sa petite cellule, il faudra songer à le rempoter. Utilisez un pot d’une dizaine de centimètres de diamètre et prévoyez répéter l’opération une seconde fois (toujours dans un pot plus grand) avant sa mise en terre à l’extérieur. Il est important de ne pas mettre les plants à l’extérieur tant que les nuits ne sont pas au-dessus de 10 degrés Celcius et que les risques de gel soient passés!
Puis, ensuite? Plus grand chose, sinon d’arroser régulièrement sans toutefois détremper le sol (les piments aiment avoir les pieds au secs, donc laisser la terre sécher entre les arrosages) et d’amender la terre avec du compost ou de l’engrais à base de fumier de poule (idéalement biologique). Votre plant se couvrira rapidement de jolies fleurs blanches pour ensuite laisser place à une multitude de fruits (il n’est pas rare de voir des plants matures donner une centaine de piments par plant)! Mais quoi faire avec tous ces piments me direz-vous? Vous pouvez les sécher (un déshydrateur sera votre meilleur ami) pour en faire une poudre qui relèvera vos recettes, les mettre sous vide et les conserver au congélateur (la congélation affectera la texture mais pas les saveurs ni le piquant), faire des marinades en conserve ou les cuisiner frais, tels qu’en sauce. D’ailleurs, une recette que je fais régulièrement et qui a beaucoup de succès est ma sauce jamaicaine au piments Scotch Bonnet que je vous partage avec plaisir:
Sauce d’inspiration Caribéenne
- Piments Scotch Bonnet jaunes (5-10, selon votre tolérance)
- 1 oignon blanc, émincé
- 1 chayote pelée et coupée en morceaux (disponible dans la section fruits et légumes frais)
- ½ concombre, coupé en morceaux
- 1 mangue coupée en morceaux
- 1 tasse d’ananas coupés en morceaux
- 3 gousses d’ail moyennes, émincées
- ½ c. à thé de cumin
- 1 c. à thé de sel
- ¼ tasse de vinaigre de cidre
- Le jus de 2 limes ainsi que les zestes
- 2 c. à table de rhum brun
Mettre le tout au robot mélangeur jusqu’à l’obtention d’une consistance lisse. Mettre dans une casserole, amener à ébullition, laisser mijoter doucement une quinzaine de minutes et éteindre le feu. Embouteiller à chaud. Se conserve quelques semaines au frigo.
En espérant vous avoir donné la “piqûre”, et au plaisir de jaser piments en boutique!
